RAPPORT DE FIN DE CAMPAGNE 2018

L’ONG la Fédération des associations de promotion des langues du Guéra (FAPLG) est une organisation de la société civile qui œuvre dans le cadre de l’alphabétisation. Elle vise la promotion surtout du monde rural à travers l’instauration d’un programme d’alphabétisation fonctionnelle utilisant les langues nationales comme médiums d’enseignement.

Depuis la campagne d’alphabétisation 2014, l’ONG la FAPLG a embrassé la stratégie du «Faire-faire» et a de ce fait commencé à exécuter des projets d’alphabétisation d’autres organisations en tant qu’opérateur national dans le domaine d’alphabétisation. Dans cette logique, au titre de la campagne d’alphabétisation 2017-2018, la FAPLG a été retenue (pour une deuxième fois) par le Projet d’Amélioration de la Résilience des Systèmes Agricoles au Tchad (PARSAT) comme opérateur de mise en œuvre du volet «alphabétisation fonctionnelle». Ainsi, en plus du programme traditionnel de la FAPLG structuré en deux composantes (Alphabétisation des adultes en langues nationales et Programme Préscolaire), la FAPLG a exécuté parallèlement  le programme d’«alphabétisation fonctionnelle» initié par le PARSAT.

Au programme d’alphabétisation des adultes, ce sont 9555 apprenants dont 7747 femmes qui se sont inscrits dans les 258 centres d’alphabétisation opérationnels encadrés par 344 moniteurs. En plus du français, ces sont 15 langues qui ont été utilisées comme médiums d’enseignement pendant cette campagne. Les résultats de fin de campagne ont déclaré 4349 apprenants dont 3461 femmes et 888 hommes admis à passer dans les niveaux suivants. Le taux d’abandon a totalisé 3453 apprenants dont 2796 femmes et 657 hommes, soit un pourcentage global de 36,22%.

Le Programme Préscolaire (PP) a fonctionné avec 92 classes ouvertes dans 12 communautés linguistiques totalisant 2223 enfants inscrits dont 1067 filles et 1156 garçons.

Ce rapport de fin de campagne retrace l’état d’exécution des activités annuelles planifiées au titre de la campagne d’alphabétisation 2017 – 2018.

 

3.1. Domaine recrutement du personnel d’appui

Il était prévu l’identification de 50 nouveaux moniteurs surtout dans les centres promus par le PARSAT au profit des villages bénéficiant des subventions ou des interventions de n’importe quel genre (aménagement des espaces pour la culture de décru, le maraîchage, banque de céréales, Champ Ecole Paysan (CEP) élevage ou agriculture, etc.). L’opération de recrutement des nouveaux moniteurs qui a couvert toute la zone d’intervention du PARSAT a été accompagnée par une forte sensibilisation sur les bienfaits de l’alphabétisation. Ainsi, en marge de l’identification des moniteurs, les équipes parties dans les villages ont réunis l’ensemble des populations des villages visitées non seulement pour choisir de manière concertée le moniteur du village, mais aussi et surtout pour expliquer sur la base des exemples simples et pratiques les effets produits de l’alphabétisation dans le cadre du développement en général. Ci-dessous des images de cette opération de sensibilisation et d’identification des nouveaux moniteurs.

3.2. Domaine formation

Ce domaine inclut la formation des encadreurs et des moniteurs ainsi que leur recyclage.

Ayant réuni au total 34 participants de l’ensemble du programme de la FAPLG, le recyclage des encadreurs s’est fait simultanément avec celui des moniteurs. Du 21 au 23 Décembre 2017, les encadreurs venus de Yao, Amdjamena Bilala, Bokoro et des différents départements de la région du Guéra ont suivi un recyclage typiquement pratique sur les difficultés qu’ils ont éprouvées durant la campagne 2016-2017. En effet, les membres du staff de la FAPLG, chargés du suivi administratif et pédagogique de ces encadreurs ont constaté un certain nombre de difficultés chez ces derniers et les ont finalement traduites en modules de recyclage.

L’«Approche Par Situations» a été la méthodologie adoptée lors de ce recyclage. Ainsi, à chaque problème soulevé, les participants ont travaillé en petits groupes et des mises en commun en plénières ont permis de situer les uns et les autres sur les différents cas évoqués. Cette technique permet en effet à tout le monde de participer à la recherche des solutions et donc éveiller la créativité de tous.

3.3 Domaine suivi pédagogique

 

Les membres du staff technique de la FAPLG ont commencé très tôt le suivi pédagogique dans les centres d’alphabétisation cette année. Ce suivi a pour but de renforcer les capacités des acteurs de terrain (moniteurs et encadreurs) à travers un coaching des membres du staff de la FAPLG. Les membres du staff technique de la FAPLG sont donc descendus au moins 3 fois dans chaque centre pour suivre aussi bien les encadreurs que les moniteurs pendant l’exercice de leurs fonctions. Ils corrigent les insuffisances des uns et des autres et cela tient lieu aussi de formation continue à ces acteurs.

 

3.4. Programme Préscolaire (PP)

  • Initié depuis 2006, le programme préscolaire de la FAPLG s’adresse aux enfants de cinq à six ans afin de les familiariser avec l’environnement scolaire en leur apprenant à lire, écrire et calculer en leurs langues maternelles et à leur enseigner des instructions en français oral. Ces enfants sont encadrés par des moniteurs et monitrices choisis par leurs communautés respectives et formés par la FAPLG pour la circonstance.
  • Comme chaque année, avant de commencer avec les cours, les différentes associations ayant ouvert des classes préscolaires ont, en accord avec le staff technique de la FAPLG, recyclé leurs moniteurs et monitrices. Durant toute la campagne, le staff technique de la Fédération et les chargés des programmes des associations ont régulièrement fait  des suivis pédagogiques dans les classes préscolaires. Les six mois d’enseignement ont permis aux enfants d’apprendre à lire et écrire en langue et en français. Ils arrivent à comprendre des instructions en français et aussi effectuer des simples opérations avec les 20 premiers chiffres en Français tout comme dans leurs langues maternelles.
  • La fin de la campagne a été marquée par une évaluation des enfants dans le but de vérifier leur niveau d’apprentissage atteint. Ainsi, sur les 2223 inscrits au début de l’année, 1883 étaient présents à l’évaluation parmi lesquelles 911 filles. De cet effectif, 1342 enfants ont attesté une très bonne performance leur permettant d’aborder résolument la première année du cours préparatoire. Et même les autres, à l’exception de ceux dont l’âge ne permettra peut-être pas d’entrer au CP1, peuvent aussi commencer le cursus normal du formel (CP1). Il convient en effet de mentionner qu’il s’agit d’une formation préparatoire mais qui ne conditionne pas nécessairement l’entrée au CP1.

    3.5. Domaine production des matériels didactiques

     

    Dans le but de créer véritablement un environnement lettré, l’ONG la FAPLG a mis en place un système de production des matériels didactiques dirigé par un département spécial qui ne se charge que de cette tâche.

    Au titre de l’année 2018, la FAPLG a prévu réviser un certain nombre de manuels (livre de calcul I et II, livre sur la culture maraîchère et celui sur la Nutrition, etc.) élaborés l’année précédente et en élaborer d’autres. Cette activité est encore en chantier, car la révision des livres est encore en cours ainsi que l’élaboration des nouveaux titres. Néanmoins, deux nouveaux livets : «Défécation à l’air libre» et «Elevage de la volaille et des petits ruminants» sont complètement élaborés et n’attendent qu’à être imprimés. Dans le même ordre d’idées, le livre de calcul a été déjà scindé en deux tomes  comme l’ont souhaité bon nombre de moniteurs et est prêt pour l’impression.

    3.6. Domaine recherches linguistiques

    Il était prévu au titre du Plan de Travail Budget Annuel (PTBA) 2018 de commencer le développement de la langue Bilala afin qu’elle soit utilisée comme médium d’enseignement dans les régions de Batha et Hadjar Lamis. Comme toute recherche linguistique commence par une enquête sociolinguistique, la FAPLG a suivi ce processus normal. Cependant, étant donné qu’il y avait déjà une enquête sociolinguistique qui avait été effectuée par la SIL/Tchad, nous nous sommes juste contentés de vérifier certaines variables de cette enquête afin de nous rassurer du changement possible de certaines donnes avant de commencer tout travail. Ainsi, sur la base d’un questionnaire léger, nos avions sillonné toute la zone «bilalaphone» et «koukaphone» pour recueillir les avis des uns et des autres afin d’obtenir leur aval sur la variante ʻdialectale de référenceʼ à utiliser pour l’alphabétisation. Il est vrai que partout où nous avons tenu des rencontres avec la population (Yao, Ambasatna, Amdjaména Bilala, Moito et Delbini), les gens ont reconnu l’existence dialectale entre le Bilala et le Kouka, mais tous se sont accordés comme un seul homme sur le Bilala pour le projet d’alphabétisation. Les uns et les autres ont souhaité appeler cette variante dialectale commune «Delbini», pour la simple raison qu’elle les regroupe tous même les locuteurs du Medogo. Il reste pour la FAPLG de toucher la zone des «medogophones» pour recueillir aussi leurs avis et voir si finalement le Delbini ne peut pas couvrir tout ce vaste territoire couvrant les trois variantes dialectales.

    3.7. Domaine visibilité

    Après avoir conçu les outils  de visibilité  (dépliant, gilets, t-shirts, etc.), la FAPLG vient de créer son propre site web (FAPLG.org). Ce site regorge des informations sur l’identité de la FAPLG, ses objectifs, sa vision et ses activités. Il permettra à l’institution de relayer plus amplement les informations la concernant à l’ensemble de la diaspora tchadienne ainsi que le reste du monde. Des mises à jour régulières produiront des informations fraîches sur l’utilisation des langues nationales dans le système éducatif de base, l’alphabétisation fonctionnelle, les recherches linguistiques, la préservation des valeurs culturelles, etc. dans la zone d’action que couvre la FAPLG.

    3.8 Le test de certification

    La FAPLG, en collaboration avec la Délégation Régionale de l’Education et de la Jeunesse du Guéra organisent depuis deux ans, le test de certification aux apprenants qui ont totalisé trois années d’apprentissage régulier et dont les aptitudes en lecture, écriture et calcul permettent de diriger une organisation paysanne, enseigner au niveau I, mieux encore de regagner le niveau du collège en classe de 6ème. Ce certificat procure des  opportunités aux lauréats qui peuvent alors postuler á des recrutements comme Maîtres Communautaires, Agents Vaccinateurs dans les centres de santé, etc. C’est ici une chance donnée aux apprenants persévérants et pleins d’ambitions. Le test de certification de cette année a été supervisé par l’Inspecteur Pédagogique d’Alphabétisation et d’Education Non Formelle du Guéra (IPAENF-G) Monsieur Moumine Alkhali. Sur l’ensemble des 542 apprenants (dont 411 femmes et 131 femmes) inscrits à ce test, 280 candidats (dont 2016 femmes et 74) ont été déclarés «ALPHABETISES» et

  • recevront le certificat dédié à cet effet.
    • Conclusion

    Somme toute, en dépit des obstacles qui ont émaillé la campagne d’alphabétisation 2017 – 2018, les objectifs fixés ont pour la plupart été atteints à des taux assez élevés. L’occasion nous est donnée ici de louer l’approche des concepteurs du projet PARSAT qui ont pensé à un volet «Alphabétisation fonctionnelle» pour concilier les subventions financières, matérielles, la réalisation des ouvrages à une formation de base afin d’assurer la pérennisation des acquis. Comptabilisant les adultes et les enfants, la campagne d’alphabétisation a touché 11778 apprenants. Nous osons croire que ce programme apporte sa contribution aussi petite soit-elle à la lutte contre l’analphabétisme et à la formation des générations futures.  Il importe donc que les décideurs de ce département puissent y jeter un regard et le propulser pour   un rendement meilleur.

  • A long terme, la FAPLG proposera aux autorités en charge des questions du curricula un programme spécial de trois années où le médium d’enseignement sera la langue maternelle des apprenants et le Français enseigné comme langue. A la fin de ce programme, l’enfant aura maîtrisé le contenu d’enseignement offert en 4 années et il pourra alors gagner une année en rejoignant directement la classe de CM1.